Trop cher pour les Français ? La hausse des prix vide les restaurants
Face à l’inflation galopante et à la montée en puissance du télétravail, les restaurants voient de plus en plus leurs clients se détourner d’eux, préférant des alternatives plus abordables comme les « cafés-boulangeries ». En trois ans, les prix à la carte ont grimpé de manière significative, laissant de nombreuses personnes repenser leurs habitudes de consommation.
Avec la hausse des prix et des menus plus standardisés, les Français rognent sur leurs sorties au restaurant, au profit de solutions moins coûteuses et plus pratiques comme les enseignes à emporter ou les cafés-boulangeries.
Une nouvelle tendance : les cafés-boulangeries
Un peu partout en France, de nouvelles enseignes appelées « cafés-boulangeries » se développent, attirant des clients grâce à des prix compétitifs et une ambiance conviviale. Ces établissements proposent une offre simple mais efficace : salades, sandwichs, pâtisseries et boissons chaudes dans un cadre accueillant. « Ces nouveaux lieux séduisent car ils sont perçus comme plus conviviaux et sains que les fast-foods, tout en étant moins chers que les restaurants classiques », analyse Jean-Laurent Cassely, essayiste spécialisé dans les modes de vie.
Le succès des cafés-boulangeries est une réponse directe aux transformations du secteur de la restauration, frappé de plein fouet par le télétravail et l’inflation. En effet, les prix dans les restaurants ont bondi de 12 % en 2022, de 8 % en 2023 et devraient encore augmenter de 3 % en 2024, selon Food Service Vision.
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Des prix trop élevés pour les consommateurs
Cette hausse des tarifs a des conséquences directes sur le comportement des consommateurs. Une étude du cabinet Gira Conseil révèle que deux tiers des Français ont réduit leurs sorties au restaurant, principalement à cause de la hausse des prix. Les familles et les classes moyennes, en particulier, se tournent vers des solutions plus abordables. « Les classes populaires ont diminué leurs sorties, et même les CSP+ réduisent leur facture en renonçant à prendre des entrées ou des boissons », explique Bernard Boutboul, président de Gira Conseil.
Les restaurants du midi, qui servaient autrefois aux collègues et amis de se retrouver, sont les plus touchés. De nombreux salariés présents au bureau préfèrent désormais opter pour des repas à emporter.
Les restaurateurs face à des charges en hausse
Pour les restaurateurs, la situation est tout aussi difficile. Le coût des matières premières a augmenté de 24 % en deux ans, tandis que les salaires ont été revalorisés de 16 % en 2022 et de 5 % en 2023. « Malgré la hausse des prix à la carte, les marges des restaurateurs se sont considérablement réduites », explique Thierry Marx, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie. Les brasseries et restaurants populaires souffrent particulièrement, alors que la restauration gastronomique et les bouillons tirent mieux leur épingle du jeu.
Certaines enseignes résistent à la crise
Tandis que les brasseries traditionnelles peinent à survivre, d’autres types de restauration continuent de prospérer. Les établissements gastronomiques, offrant une expérience unique, parviennent à attirer des clients prêts à dépenser plus. Les bouillons, qui misent sur des prix bas et un volume élevé, ainsi que les chaînes de fast-food qui proposent désormais des menus à 5 euros, enregistrent également de bons résultats.
Les pizzerias haut de gamme, elles, bénéficient de coûts de production relativement faibles, avec peu d’ingrédients, ce qui leur permet de maintenir des prix compétitifs. À l’inverse, le burger, qui a connu un essor fulgurant ces dernières années, est en perte de vitesse, victime de la saturation du marché et de prix devenus trop élevés pour les consommateurs.
Un marché en pleine mutation
Le secteur de la restauration évolue à grande vitesse, poussé par les changements de comportement des consommateurs et les défis économiques. Si certains types d’établissements réussissent à s’adapter, d’autres, comme les brasseries traditionnelles, peinent à suivre. Une chose est certaine : la transformation du paysage gastronomique français est loin d’être terminée.