Les citadins ont-ils fui la ville après le Covid ?
Depuis l’apparition de la pandémie de COVID-19, l’exode urbain des citadins vers la campagne a été souvent évoqué en France. Des chercheurs de la plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines ont mené une enquête pluridisciplinaire depuis l’été 2021 pour essayer de comprendre s’il y avait eu un exode urbain provoqué par la pandémie. Ils invitent à fortement nuancer cette idée.
Les villes se sont-elles vidées après le COVID-19 ?
Leur travail montre que, après le début de la crise sanitaire en 2020, 36,5 % des déménagements continuent de se faire de grande ville à grande ville. Par contre, les déménagements de commune rurale à commune rurale représentent 7 % des déménagements mais connaissent un léger essor.
Qu’ont-ils constaté ?
Cette étude Exode urbain, mythe ou réalité permet de mettre en lumière la diversité de profils de ceux partis s’installer à la campagne. Les chercheurs ont observé que si exode urbain, il y a eu, ce n’est pas en faveur des espaces ruraux mais d’espaces urbains plus petits, notamment des villes plus petites et des couronnes. Cela suggère que le Covid-19 a globalement accéléré les départs en provenance des grands centres urbains vers d’autres territoires.
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Quelle est la raison du départ ?
Il semblerait qu’au delà du sentiment d’insécurité face à la propagation du virus, beaucoup de gens ayant opté pour un déménagement vers un espace rural ou une petite ville cherche plutôt à bénéficier de meilleures conditions de vie. Une envie de retrouver à la campagne un rapport plus intime à la nature et aux autres ou encore des logements dont la taille, le prix et le confort conviennent mieux à leur budget et leur mode de vie. D’autres encore recherchent une plus grande accessibilité aux services publics, à la santé et aux transports.
L’impact concret du Covid-19 sur les mouvements migratoires
Le phénomène de mobilité pendant la pandémie de Covid-19 ne peut être considéré isolément, car il s’inscrit dans le contexte plus large des mouvements migratoires qui touchent le monde entier. Selon l’Organisation Internationale des Migrations (OIM), le nombre total de migrants internationaux était estimé à 272 millions en 2019. Mais après le début de la crise sanitaire, ces données ont subi une forte fluctuation, comme l’illustrent les chiffres suivants :
- en 2020, on estime à 5 millions le nombre de personnes contraintes de migrer intérieurement ;
- en 2021, les restrictions imposées par les différents pays ont entraîné un recul du nombre de flux migratoires internationaux, avec une diminution de 15 % des déplacements intercontinentaux ;
- et enfin, en 2022, le nombre de déplacements internationaux de moins de 12 mois était redescendu à son niveau de 2018.
Selon les prévisions, ces tendances devraient être maintenues jusqu’en 2023.
Plusieurs facteurs expliquent l’attrait pour la campagne
Si le Covid-19 a certainement contribué à encourager certains citadins à quitter leurs centres urbains, cet exode « temporaire » ne saurait être considéré comme un phénomène exclusivement lié à la pandémie. En effet, de nombreux facteurs expliquent l’engouement pour la vie à la campagne : possibilité d’accéder à des biens immobiliers à bon prix, calme, air pur… Certains citadins profitent également des aides proposées par l’État pour s’installer dans des zones rurales au travers des dispositifs tels que la loi Pinel, le Prêt à Taux Zéro, le Dispositif Censi-Bouvard, etc. En conclusion, l’impact exact de la pandémie de Covid-19 sur les mouvements migratoires demeure difficile à évaluer.
Néanmoins, le phénomène d’exode urbain enregistré en 2020 peut inciter à reconsidérer les limites entre milieu urbain et milieu rural, et à réfléchir à une amélioration globale des conditions de vie des habitants des territoires ruraux.