Découvrez comment l’abandon de l’alcool a transformé la vie de cette femme en l’espace de six mois
Il y a environ une décennie, pendant un étourdissant été festif, un incident perturbant transforme ma perception de l’alcool. Une soirée apparemment anodine s’est terminée dans un voile de confusion et de peur. Un sentiment renforcé par l’impossibilité de connaître les faits exacts, n’ayant aucun souvenir de la nuit passée. Des tests médicaux ultérieurs se sont révélés heureusement cléments, mais cet incident m’a fait réfléchir sur ma relation avec l’alcool.
Selon les statistiques de Santé Publique France et de l’Institut National du Cancer de 2017, une consommation modérée d’alcool est définie par un maximum de dix verres par semaine, deux par jour, et des jours de sobriété.
En 2020, au cours du premier confinement, près d’un quart de la population française âgée de 18 à 75 ans dépassaient cette recommandation. Ces chiffres soulèvent des questions importantes. Votre vie serait-elle plus riche sans alcool ? Les amitiés pourraient-elles résister à l’arrêt de la consommation d’alcool ? Vous est-il déjà arrivé de vous interroger sur votre relation avec la boisson ?
Il est à noter que l’alcool n’a jamais posé de problème au cours de ma jeunesse. Élevée dans une famille où il était interdit de boire avant l’âge de 18 ans, mon environnement ne m’encourageait pas à consommer de l’alcool. Ma jeunesse a été typique de celle d’une jeune femme de la bourgeoisie : des études prolongées, un poste à responsabilités pendant plusieurs années qui ne correspondait pas à mes aspirations éthiques. Durant cette période, je me suis retrouvée dans des situations valorisées par ma famille et mes amis, mais qui ne me satisfaisaient pas.
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Premiers contacts avec l’alcool
À l’adolescence, comme tous les jeunes de mon âge, j’ai exploré de nouvelles expériences. J’ai participé à des soirées avec des amies où nous avons fumé des cigarettes et bu de l’alcool par simple curiosité. Le malaise ressenti ensuite et le manque d’appréciation pour le goût de l’alcool m’ont dissuadée de continuer.
Intégration de l’alcool dans une vie sociale
C’est avec les rencontres masculines que l’alcool a trouvé une place dans ma vie. Des hommes capables de se procurer du bon vin, ce qui m’a permis de goûter à de grands crus. Le plaisir de boire s’est développé progressivement. Néanmoins, à l’aube de ma vingtaine, je buvais rarement : seulement lors d’occasions spéciales comme des anniversaires ou des week-ends entre amis. Je n’avais pas d’alcool à la maison et je ne buvais pas en semaine, en partie en raison des exigences de mon travail nécessitant une concentration constante.
L’escalade de la consommation
Cependant, avec le temps, j’ai intégré un groupe d’amis qui avait une routine de travail très intense qui aboutissait à des week-ends débridés. Voulant m’adapter, j’ai pris part à leur frénésie festive bien que nos constitutions physiques diffèrent. La consommation d’alcool en devenait banale.
La consommation liée aux sentiments
Avec du recul, il est clair que la fréquence de ma consommation d’alcool augmentait quand j’étais en couple, même si je ne limitais pas ma consommation à ces moments-là seulement. Approchant la trentaine, les relations que j’avais avec mes partenaires ne me satisfaisaient plus après quelques mois. Néanmoins, je ne pouvais en prendre conscience et y mettre fin. Il y avait toujours chez moi une tendance à m’accrocher à une belle histoire d’amour qui commençait. Mais l’incompréhension et la déception se faisaient sentir lorsque le partenaire devenait moins chaleureux, voire autoritaire.
La dépendance émotionnelle
En manque de ressources émotionnelles, je me retrouvais incapable de mettre un terme à ces relations toxiques ou de me défendre. Mon attirance affective était aussitôt suivie d’une consommation accrue d’alcool lors des occasions sociales. Mue par l’euphorie artificielle qu’il procurait, ma consommation ne faisait que s’intensifier, ce qui inquiétait mes partenaires. Leurs reproches à propos de mes excès alcooliques le lendemain entraînaient chez moi un sentiment de culpabilité et de honte.
Prendre conscience de nos comportements et les défis liés à leur modification est la première étape vers un changement durable. C’est une tâche difficile que de reconnaître nos dépendances, qu’elles soient affectives ou vis à vis de substances comme l’alcool, mais c’est une démarche nécessaire pour apporter de réels changements dans notre vie. C’est le voyage que j’ai entrepris il y a de cela une décennie et je continue à le faire aujourd’hui.
Le déménagement et le changement d’environnement
Mon déménagement a coïncidé avec un bouleversement de mes amitiés et un changement drastique de mes fréquentations. Passant d’un environnement social familier à une sphère beaucoup plus underground, j’ai eu le désir d’expérimenter ce changement. Cependant, ce qui était nouveau et excitant au départ, finit par devenir banal et monotone. Les festivités n’avaient plus de limite temporelle et parfois elles se prolongeaient jusqu’au lendemain midi. Je me suis autorisée cette période d’explosion tardive, arguant que n’étant pas une adolescente problématique, la trentaine, était maintenant le bon moment.
Sous-jacentes à cette transformation sociale se trouvait une réalité plus sombre. J’ai commencé à ressentir des baisses de régime et de l’angoisse, avec une perception de la fatigue cumulée et une image de moi dégradée. Après un traumatisme, j’ai décidé de m’abstenir de consommer totalement de l’alcool. Au bout de trois mois, j’ai ressenti une véritable bouffée d’air frais, mon corps et mon esprit apaisés. Pourtant, lorsque j’ai repris la boisson, j’ai constaté que mon usage avait intensifié.
Transition difficile avec le « stop & go »
Au même moment, j’ai pris la décision de faire une pause dans mes relations amoureuses, désirant éviter les modèles relationnels toxiques du passé. Alors que je réapprenais à sortir et à faire la fête, je me suis surprise à dériver vers les excès. Une fatigue visible se manifestait, accentuée par la culpabilité. Le besoin de récupération après les soirées semblait s’accentuer, autant physiquement que mentalement. Mon fonctionnement quotidien s’est amoindri, rendant mes projets laborieux à réaliser. C’est à ce moment que j’ai commencé une période de “stop & go”, où je cessais de boire durant quelques semaines ou quelques mois, avant de retomber.
L’étiquette de la fêtarde
Les périodes de “black-out”, les angoisses et la culpabilité liée à l’amnésie suite à une soirée ont commencé à s’accumuler. Je percevais aussi une dissonance entre la façon dont m’appréhendaient mes nouvelles rencontres et les gens de mon entourage plus ancien. L’étiquette de “fêtarde” qui m’avait été attribuée semblait distordre leurs regards sur moi. Pourtant, au lieu de m’effrayer, une certaine satisfaction émanait de cette étiquette qui s’éloignait de l’image parfaite que j’avais toujours eu de moi. Il se trouve que le jeu dangereux du contrôle de ma consommation d’alcool a fini par me dépasser, et je n’étais pas en mesure de prédire lorsque surviendrait un “black-out”.
Un traumatisme resurgit
Vers l’âge de 8 ans, j’avais été victime d’attouchements sexuels par un adulte, expérience que j’ai gardée secrète jusqu’à ma fin de vingtaine. En repensant à ce traumatisme, j’ai réalisé que l’alcool avait probablement servi de barrière entre moi et cette blessure profonde. L’alcool m’évitait de penser à l’agression, d’y être véritablement présente. Seulement, avec le temps, le produit a fini par prendre le dessus. Malgré des années de thérapie et la pensée que ce traumatisme a été surmonté, cela ne semblait pas être le cas.
Consultation d’un addictologue
Un ami, lui-même confronté à l’addiction, me recommanda un addictologue. J’ai pris rendez-vous et, à travers nos discussions, j’ai pu explorer plus profondément mes habitudes d’addiction. Même si les premières phases du traitement médicamenteux n’ont pas été fructueuses, le praticien m’a aidée à identifier des liens entre ma consommation d’alcool, mes rapports familiaux et mes relations amoureuses.
Effets de la pandémie de la Covid-19
La période de la pandémie de la Covid-19 et des apéros Zoom est arrivée. Ayant été contrainte de me confiner avec une personne consommant alcool et drogues, j’ai rapidement décidé de stopper ma consommation. Une pause qui s’est maintenue jusqu’à la réouverture des terrasses. À ce moment, je me suis fixé l’objectif de limiter ma consommation, ce qui a toujours été le cas lorsque je reprenais l’alcool. Cependant, la présence d’amis consommateurs a remis en question ce plan.
Un changement pour le mieux, mais une rechute
En dépit de mon intention de limiter ma consommation, un ami m’a poussée un peu trop loin lors d’une rencontre. L’issue de cette soirée s’est révélée être une fracture. Les six semaines qui ont suivi, immobilisée, m’ont laissée déprimée. Alors, j’ai décidé à nouveau d’arrêter l’alcool. Au fur et à mesure que j’avançais, je sentais que mon désir de boire régulièrement augmentait, jusqu’à ce que finalement, je craque pendant les vacances de Noël.
L’arrêt de l’alcool, une quête de liberté
À cette époque, plusieurs ouvrages relatant des histoires similaires à la mienne ont été publiés, dont “Sans alcool” de Claire Touzard et “Jour zéro” de Stéphanie Braquehais. Leur lecture m’a permis de voir que cette démarche pouvait être perçue comme une quête de liberté. J’étais intriguée par la perspective de ne pas avoir bu depuis longtemps et curieuse de savoir ce qui pourrait changer. Dans ce sens, je percevais cette étape comme une autre forme d’expérimentation : plus saine et plus contrôlée que celles du passé.
L’arrêt définitif de l’alcool
J’ai finalement décidé de m’abstenir d’alcool pendant une année « renouvelable ». Mon addictologue m’a suggéré que peut-être plus d’une année serait nécessaire pour rompre avec les schémas destructeurs récurrents. Je désirais aussi faire une rencontre authentique, sans l’effet de l’alcool sur mes perceptions. Le désir grandissant de construire une famille a également alimenté ma motivation à mener une vie plus saine.
Les semaines passent, et on se sent de mieux en mieux. Les angoisses s’atténuent, et l’on commence à ressentir les effets bénéfiques à long terme de cette décision. Sur le plan cognitif, on se sent plus alerte et plus présent dans les moments partagés avec les autres. Les interactions deviennent authentiques et mémorables, dépourvues des artifices de l’alcool. On savoure ces moments précieux plus intensément et plus durablement. Il est indéniable que l’arrêt de la consommation d’alcool peut avoir un impact positif sur la qualité de vie.
Cependant, lorsque l’on se lance dans cette aventure, il est important de prendre en compte l’impact que cela peut avoir sur les relations personnelles. Lorsqu’on rencontre quelqu’un de nouveau, cette décision peut susciter de l’intrigue ou même de l’admiration. Dans certains cas, cela peut même inciter le partenaire à réduire sa propre consommation d’alcool pour s’aligner sur ce choix de vie. Mais au fil du temps, des situations peuvent se présenter où la consommation d’alcool augmente à nouveau. Le stress au travail, les événements sociaux ou même une envie soudaine peuvent amener quelqu’un à retomber dans d’anciens schémas. Il est important de rester vigilant face à ces défis potentiels et d’en discuter ouvertement avec son partenaire.
Parfois, on peut se sentir tenté de donner des avertissements à son entourage quant aux risques liés à la consommation excessive d’alcool. On peut vouloir partager son expérience et mettre en garde les autres contre les pièges insidieux de l’addiction. Cependant, il est essentiel de trouver un équilibre dans la manière dont on communique ces préoccupations. Il est facile de tomber dans le piège de se sentir trop sérieux ou de projeter ses propres peurs sur les autres. Laisser les gens prendre leurs propres décisions et soutenir leur cheminement personnel est primordial pour maintenir des relations saines.
Il est également crucial de prendre conscience de ses propres limites et de ses besoins. Si l’alcool devient un problème récurrent dans une relation, il est essentiel d’établir des limites claires et de s’éloigner si nécessaire. Le bien-être personnel ne doit jamais être compromis pour maintenir une relation toxique. Se préserver et s’engager activement dans son propre rétablissement est la meilleure voie à suivre.
Enfin, il est important de souligner que chaque expérience est unique. Ce qui fonctionne pour une personne peut ne pas convenir à une autre. Trouver un équilibre entre la modération et l’abstinence complète peut être un défi personnel. Certaines personnes peuvent gérer leur consommation d’alcool avec succès, tandis que d’autres choisissent d’arrêter définitivement. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise décision, tant que l’on reste conscient de ses propres besoins et de son bien-être.