Annie Ernaux et le lapsus révélateur sur l’IVG
Annie Ernaux, lors d’un événement féministe, exprime par un lapsus sa préférence pour la notion de “droit” à l’IVG, révélant les nuances entre les termes adoptés par le Sénat et les attentes des défenseurs de ce droit.
Un lapsus significatif d’Annie Ernaux
En marge d’une soirée féministe, la célèbre écrivaine Annie Ernaux, voix influente dans le débat sur le droit des femmes, a laissé échapper un lapsus révélateur. Alors qu’elle abordait l’inscription de l’IVG dans la Constitution française, elle a initialement mentionné le “droit” à l’IVG avant de se corriger, précisant qu’il s’agissait en réalité d’une “liberté garantie”.
Ce moment d’hésitation, capté dans une vidéo diffusée par la militante féministe Alice Coffin, a suscité l’amusement de l’auditoire, mais également souligné une distinction fondamentale entre les deux notions. Ernaux a conclu sur une note personnelle, affirmant sa préférence pour la reconnaissance de l’IVG comme un droit.
Reaction d’Annie Ernaux au vote d’hier au Senat sur l’IVG. Soiree lancement du nouveau numero de @deferlanterevue (joyeux anniversaire à cette merveilleuse revue, la queue infinisssable à l’entree temoigne de la ferveur autour de cette revue). pic.twitter.com/1mbvVnol1Q
— Alice Coffin (@alicecoffin) February 29, 2024
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Les nuances entre “liberté garantie” et “droit”
La controverse réside dans l’interprétation légale des termes “liberté” et “droit” dans le contexte constitutionnel. Le texte initial proposé par la France Insoumise (LFI) visait à garantir l'”effectivité et l’égal accès au droit à l’IVG”.
Cependant, la version finalement adoptée par le Sénat et soutenue par le gouvernement opte pour la formulation de “liberté garantie” pour l’avortement, une tournure moins contraignante selon certains experts juridiques. Anne-Charlène Bezzina, spécialiste en droit public, explique que la liberté représente une capacité d’action, tandis que le droit suggère une obligation pour l’État de fournir et protéger cette capacité.
Implications pratiques de la formulation adoptée
La formulation “liberté garantie” retenue par le législateur implique qu’aucune loi future ne pourra interdire explicitement l’accès à l’IVG. Toutefois, comme le souligne Laureline Fontaine, professeure de droit constitutionnel, cette expression ne précise pas les modalités de mise en œuvre de cette liberté, laissant à la législation ordinaire le soin de définir les conditions d’accès à l’IVG. Cette nuance laisse ouverte la question des conditions dans lesquelles l’avortement peut être pratiqué, une préoccupation majeure pour les associations féministes.
- Annie Ernaux exprime sa préférence pour le terme de “droit” à l’IVG, malgré la formulation officielle de “liberté garantie”.
- La distinction entre “liberté” et “droit” suscite un débat juridique et philosophique sur la protection de l’accès à l’avortement.
- Les féministes accueillent positivement le compromis, tout en soulignant l’importance de préciser les conditions d’accès à l’IVG dans la législation.
Le débat autour de l’inscription de l’IVG dans la Constitution française, marqué par le lapsus d’Annie Ernaux, met en lumière les complexités juridiques et les attentes sociétales liées à cette question. Si les militants féministes et certains parlementaires auraient préféré une formulation plus engageante, le choix de la “liberté garantie” représente néanmoins une avancée dans la protection des droits des femmes en France. L’impact de cette décision sur l’accès effectif à l’IVG reste cependant à préciser par des textes législatifs ultérieurs.