COVID long : explication pour la sévérité de vos gueules de bois ?

Une récente étude soulève l’hypothèse que les symptômes persistants du COVID long pourraient intensifier les effets des gueules de bois.

Une corrélation entre COVID long et gueules de bois aggravées

Dans les pages de la revue Cureus, une publication scientifique récente met en lumière une observation intrigante : les individus souffrant de symptômes prolongés post-COVID rapportent des gueules de bois particulièrement sévères. Cette étude a été menée auprès de patients fréquentant la clinique des Syndromes Post-Aigus du COVID (PACS) de l’Université de Stanford, spécialisée dans le traitement des séquelles à long terme du COVID.

Les chercheurs de Stanford ont commencé à établir un lien entre les symptômes persistants du COVID et des témoignages de gueules de bois nettement plus pénibles qu’à l’accoutumée.

Des témoignages éloquents

Quatre patients ont partagé leurs expériences, illustrant la diversité des réactions. Une patiente, affectée par le COVID pendant 11 mois, relate que la consommation de vin déclenche désormais chez elle des gueules de bois insupportables, au point de se sentir totalement paralysée.

gueule de bois covid long

Une autre femme, symptomatique pendant trois mois, ne peut plus consommer même un seul cocktail sans souffrir de ce qu’elle décrit comme une “intoxication alcoolique”, accompagnée d’une céphalée insoutenable durant trois jours. Un homme, auparavant consommateur d’alcool sans désagrément, se trouve maintenant incapable de boire une bière sans subir de lourdes conséquences. Ayant enduré des maux de tête, des troubles cognitifs et du sommeil pendant cinq mois, il décrit ses céphalées comme une sensation de compression au sommet et à l’arrière du crâne.

Pour terminer une quatrième participante, après un an de symptômes post-COVID, constate que même un seul verre d’alcool suffit à provoquer un rougissement de sa peau, phénomène qu’elle n’avait jamais expérimenté auparavant.

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Une explication scientifique potentielle

Les conclusions de l’étude suggèrent que les réactions et sensibilités à l’alcool apparues après une infection par le COVID chez les patients souffrant de COVID long pourraient être dues à une combinaison du virus et d’une inflammation corporelle affaiblissant la barrière hémato-encéphalique. Cette dernière, une couche cellulaire filtrante protégeant le cerveau contre les substances nuisibles, pourrait devenir plus perméable sous l’effet de l’alcool, permettant ainsi à des éléments normalement bloqués d’atteindre le cerveau. Les personnes atteintes de COVID long pourraient également présenter une augmentation des molécules inflammatoires dans leur sang, contribuant à la sévérité des gueules de bois.

  • Des témoignages individuels mettent en lumière l’impact du COVID long sur la tolérance à l’alcool.
  • L’affaiblissement de la barrière hémato-encéphalique pourrait expliquer la sévérité accrue des gueules de bois.
  • Une augmentation des molécules inflammatoires dans le sang est suspectée d’intensifier les symptômes de gueule de bois.

COVID long

Les séquelles post-aiguës du SARS-CoV-2, également connues sous le nom de COVID long, se caractérisent par des symptômes persistants après l’infection initiale par le SARS-CoV-2, ces symptômes variant d’un patient à l’autre. Cette étude présente une série de cas de quatre patients ayant eu une infection par le SARS-CoV-2 et référés à la Clinique du Syndrome Post-COVID-19 Aigu (PACS) de l’Université de Stanford pour évaluation de symptômes persistants, qui ont également expérimenté une nouvelle sensibilité à l’alcool. La réaction et la sensibilité à l’alcool dans le contexte de maladies post-virales ne sont pas bien documentées dans la littérature scientifique. B

ien qu’il y ait eu quelques rapports anecdotiques sur de nouvelles sensibilités à l’alcool chez les patients atteints de COVID long dans les médias, les données publiées à ce sujet restent limitées. Lors de leur consultation médicale, ces patients ont rapporté de nouveaux changements dans leurs symptômes ou comportements suite à la consommation d’alcool. L’apparition de sensibilités à l’alcool devrait être évaluée en parallèle d’autres symptômes post-COVID-19 et pourrait ouvrir de nouvelles voies pour explorer la pathobiologie de la maladie et les interventions potentielles.

Conséquence sur la prise d’alcool

Les réactions et sensibilités nouvelles à l’alcool peuvent survenir après une infection par le COVID-19 chez les patients atteints de COVID long. Les cliniciens prenant en charge ces patients devraient s’informer sur la consommation d’alcool et la tolérance dans leur historique social, car ces informations peuvent fournir des indices sur les éventuels déclencheurs d’une aggravation des symptômes et aider à orienter les stratégies de gestion du mode de vie. Des recherches plus approfondies sous forme d’études de cohortes plus larges sont nécessaires pour mieux comprendre la prévalence de cette association chez les patients atteints de COVID long, l’éventail des réactions et sensibilités à l’alcool et explorer les associations potentielles avec des phénotypes cliniques post-COVID-19 spécifiques et d’autres facteurs liés à la sensibilité à l’alcool post-COVID-19.

Cette étude a été réalisée par une équipe de l’Université de Stanford, comprenant Ella F. Eastin, Anushri Tiwari, Tom C. Quach, Hector F. Bonilla, Mitchell G. Miglis, Phillip C. Yang, et Linda N. Geng en tant qu’auteur correspondant, tous affiliés à divers départements de la Faculté de Médecine de l’Université de Stanford à Palo Alto, aux États-Unis.

Bien que ces résultats, basés sur des déclarations personnelles et sans exigence de preuve formelle de COVID long, nécessitent des recherches supplémentaires pour être confirmés, ils ouvrent une piste sérieuse quant au lien potentiel entre les séquelles du COVID et les symptômes de gueule de bois. Cette découverte pourrait non seulement éclairer certaines des mystérieuses répercussions du COVID long mais aussi inciter à une plus grande prudence dans la consommation d’alcool chez les personnes affectées.