Mazan : Claudine Cordani, la première à dire non au huis clos

Claudine Cordani, victime de viols et de séquestration à 17 ans, revient sur sa décision de refuser le huis clos lors du procès de ses agresseurs en 1985, une décision qui résonne aujourd’hui avec celle de Gisèle Pelicot.

En 1985, Claudine Cordani, alors âgée de 17 ans, a été victime de viols et de séquestration à Paris. Elle a porté plainte dans les 48 heures suivant les faits et a refusé le huis clos lors du procès de ses agresseurs. Cette décision, prise il y a 40 ans, fait écho à celle de Gisèle Pelicot, qui a également choisi de lever le huis clos lors du procès de son mari et de 51 autres hommes, accusés de l’avoir violée et droguée pendant dix ans. Le procès, qui s’est ouvert le 2 septembre à la cour criminelle du Vaucluse à Avignon, a suscité une grande attention médiatique.

Le choix de Claudine Cordani : une décision courageuse et déterminante

Claudine Cordani, aujourd’hui journaliste indépendante et militante contre les violences sexistes et sexuelles (VSS), ne regrette pas son choix de refuser le huis clos. Elle espère que la justice sera à la hauteur de l’ignominie de ce procès. Dans une interview accordée au HuffPost, elle explique les raisons de sa décision et les conséquences qu’elle a eues sur sa vie.

Claudine Cordani

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Pourquoi refuser le huis clos ?

Claudine Cordani explique que sa décision de refuser le huis clos était motivée par une intime conviction : « Ce n’était pas à moi d’avoir honte et ce qui m’arrivait était profondément injuste. » Elle voulait que les victimes et les futures victimes sachent qu’elles n’avaient pas à avoir honte. Issu d’une famille d’origine italienne catholique, elle a choisi de parler à la justice plutôt qu’à sa famille, pour éviter de faire de la peine à ses proches mais aussi pour que la société soit informée.

L’impact de cette décision sur sa vie

Claudine Cordani affirme qu’elle n’a jamais regretté sa décision. Elle considère que demander justice était vital pour elle, comme un instinct de survivante. Elle précise que le terme de courage ne s’applique pas uniquement à celles qui portent plainte, car chaque victime a ses propres raisons et ses propres peurs.

Le procès de Mazan et ses répercussions

Le procès de Mazan, qui a débuté le 2 septembre, a suscité un grand intérêt médiatique. Gisèle Pelicot, victime de viols et de drogues pendant dix ans, a choisi de lever le huis clos pour que son histoire soit connue de tous. Claudine Cordani espère que ce procès aura le retentissement que cette cause mérite et que la justice sera à la hauteur de l’ignominie des faits.

L’importance de la levée du huis clos

Claudine Cordani souligne l’importance de la levée du huis clos dans le procès de Gisèle Pelicot. Elle estime que cette décision a permis de réintroduire les citoyennes et les citoyens dans le procès, même s’ils n’ont pas le même rôle qu’un jury populaire. Elle espère que cette affaire permettra de regarder les victimes autrement, de les écouter davantage et de les respecter.

L’imprescriptibilité des crimes sexuels

Claudine Cordani prône l’imprescriptibilité des crimes sexuels. Elle estime que la loi doit laisser le temps aux victimes de réagir quand et comme elles le peuvent. Elle insiste sur le fait que chaque victime doit être entendue lorsqu’elle s’exprime, sans jugement ni pression.

En conclusion, la décision de Claudine Cordani de refuser le huis clos en 1985 a marqué un tournant dans la manière dont les victimes de violences sexuelles sont perçues et traitées. Aujourd’hui, elle continue de militer pour que la justice soit à la hauteur des attentes des victimes et que les crimes sexuels soient traités avec la gravité qu’ils méritent.