Les dirigeants piégés par leurs propres discours face à l’emballement de la dette
Alors que Michel Barnier, premier ministre issu de la droite, ose rompre avec la tradition de son parti en assumant une hausse d’impôt, il se retrouve attaqué de toutes parts. D’un côté, les macronistes, oubliant leur propre rôle dans la dérive des comptes publics, l’accusent sans vergogne, tandis que de l’autre, la gauche, qui pourtant réclame depuis longtemps une justice fiscale, menace de le censurer. Ce climat de tension illustre à quel point la gestion des finances publiques cristallise les fractures politiques en France.
La crise des finances publiques, qui s’aggrave depuis des années, a accompagné et amplifié la crise politique actuelle. Des déficits massifs et une dette publique en explosion ont marqué la fin des mandats de Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron, sans qu’aucun n’ait réellement alerté les Français de la gravité de la situation.
L’impact de ces choix se ressent aujourd’hui, où la dette publique atteint des sommets, et où la classe politique semble incapable de proposer une solution viable.
Une crise des finances publiques qui traverse les quinquennats
Depuis la remise du rapport Pébereau en 2005, qui alertait déjà sur la dette publique, aucun gouvernement n’a voulu reconnaître l’urgence de la situation. Les présidents se sont succédé sans véritablement affronter cette crise de front. En 2007, François Fillon, alors premier ministre de Nicolas Sarkozy, parlait d’un « État en faillite ». Pourtant, rien n’a été fait, et la dette publique a augmenté de 600 milliards d’euros sous Sarkozy, exacerbée par la crise des subprimes.
François Hollande, élu en 2012, a lui aussi négligé les avertissements de la Cour des comptes, malgré des termes dramatiques évoquant « une zone dangereuse » et « un risque d’emballement ». En cinq ans, la dette publique a crû de manière alarmante, continuant de peser lourdement sur l’économie française.
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Emmanuel Macron et l’illusion du désendettement
Emmanuel Macron, quant à lui, a évité de faire du désendettement un enjeu central de sa campagne présidentielle pour son second mandat. L’État a massivement emprunté pour faire face à la crise sanitaire, ajoutant 700 milliards d’euros à la dette publique, qui atteint aujourd’hui 3 228 milliards d’euros, soit 112 % du PIB. Malgré les promesses de croissance et d’augmentation de l’emploi, les déficits continuent de se creuser, et la dette pèse désormais sur les choix politiques futurs.
La dette : une arme à double tranchant
La dette publique a permis de protéger les Français lors des grandes crises économiques mondiales et de financer des services publics en difficulté, la transition climatique, ou encore la défense nationale. Mais elle a aussi créé une insatisfaction généralisée, le sentiment que le travail ne paie plus, et que les services publics sont de moins en moins efficaces. Pire encore, le système fiscal n’arrive pas à taxer les plus riches de manière équitable, renforçant la défiance vis-à-vis des dirigeants politiques.
Une dette qui piétine les promesses politiques
Face à cette impasse financière, les gouvernements successifs ont dû se contredire. Nicolas Sarkozy, qui avait promis une baisse des impôts en 2007, a finalement dû les augmenter en fin de mandat. François Hollande, quant à lui, a taxé les classes moyennes malgré ses promesses de viser uniquement les plus riches. Enfin, Emmanuel Macron, pris à son propre jeu, n’a pas réussi à convaincre qu’une simple augmentation de l’emploi suffirait à résorber la dette.
Le piège de l’impôt et la montée des tensions
Michel Barnier, en proposant une hausse d’impôt exceptionnelle, se heurte à la colère de la classe politique. Les macronistes, pourtant en grande partie responsables de la situation actuelle, se dédouanent en critiquant le premier ministre. De leur côté, les partis de gauche, qui prônaient une plus grande justice fiscale, se retournent contre lui en menaçant de censure. Ce climat témoigne d’une incapacité généralisée à prendre des décisions difficiles pour rétablir les comptes publics.
Dans un environnement politique éclaté, chaque parti joue pour sa base électorale, sans réelle vision à long terme. Le spectre d’une nouvelle crise budgétaire plane alors que personne n’ose assumer la responsabilité de rebâtir un pacte fiscal et social juste pour l’avenir du pays.