Le gouvernement hongrois s’attaque à nouveau aux droits des LGBT

Un amendement constitutionnel a été proposé pour consacrer la défense des “valeurs chrétiennes”.

Une situation particulière en Hongrie

Quelques instants avant que la Hongrie n’entre dans une seconde phase de verrouillage du coronavirus mercredi, le gouvernement d’extrême droite a signalé son intention d’adopter une série de nouvelles lois, notamment pour rendre plus difficile l’union des partis politiques d’opposition et pour modifier la constitution afin de consacrer la défense des soi-disant “valeurs chrétiennes”.

Les politiciens de l’opposition ont critiqué à la fois le fond et le calendrier de ces mesures.

La proposition d’amendement constitutionnel, soumise au Parlement par la ministre de la justice, Judit Varga, tard dans la journée de mardi, est la dernière attaque contre les droits des LGBT dans le pays, où la reconnaissance légale des changements de genre a pris fin en mai.

“La Hongrie protège le droit des enfants à s’identifier au sexe avec lequel ils sont nés, et assure leur éducation sur la base de notre auto-identification nationale et de notre culture chrétienne”, indique l’amendement. La constitution stipule déjà que le mariage doit être contracté entre un homme et une femme, mais l’amendement précise que dans une relation parent-enfant, “la mère est une femme et le père est un homme”.

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Retour en arrière concernant l’adoption

L’amendement garantirait que seuls les couples mariés hétérosexuels peuvent adopter des enfants. Les célibataires pourraient obtenir des exemptions par une autorisation ministérielle spéciale.

La tentative de justification de l’amendement explique que “les nouvelles idéologies modernes du monde occidental font douter de la création du sexe masculin et féminin et mettent en danger le droit des enfants à un développement sain”. La langue hongroise utilise le même mot pour désigner le sexe et le genre.

Pendant des années, le gouvernement de Viktor Orbán s’est appuyé sur un programme anti-migration pour rallier sa base, et certains analystes suggèrent que les personnes LGBT pourraient être la nouvelle cible. En Pologne, le parti populiste au pouvoir, le parti Droit et Justice (PiS), a fait de la lutte contre la soi-disant “idéologie LGBT” un élément central de son message politique.

lgbt

Le gouvernement d’Orbán est confronté à des pressions découlant de discussions au sein de l’UE visant à lier le versement de certains fonds européens à des critères d’État de droit, ainsi qu’à des pressions concernant la hausse des cas de coronavirus. La nouvelle mesure de verrouillage comprend un couvre-feu à 20 heures et la fermeture des restaurants et des bars. Le Parlement a voté un “état d’urgence” de 90 jours pendant lequel le gouvernement peut émettre des décrets sur des questions liées aux virus sans l’approbation du Parlement.

Le calendrier des nouvelles initiatives législatives, qui ont été annoncées sans avertissement, rappelle une précédente vague de législation sans rapport avec les coronavirus, qui avait été introduite lors du premier “état d’urgence” au printemps.

Le député indépendant Bernadett Szél a écrit sur Facebook qu'”au lieu de lutter contre le virus, ils souhaitent lutter contre la communauté LGBT”. Katalin Cseh, députée européenne du parti d’opposition Momentum, a écrit sur Twitter : “Les parents, les écoles, les hôpitaux, les petites entreprises sont à des heures de fermeture – ne sachant pas ce qui va se passer, car les détails des règlements n’ont même pas encore été publiés. A l’ordre du jour du gouvernement : un amendement constitutionnel pour lutter contre l’idéologie du genre”.

Les nouvelles lois devront être débattues au Parlement, mais le parti Fidesz d’Orbán dispose d’une majorité des deux tiers, suffisante pour apporter des modifications constitutionnelles.

Si les initiatives liées au genre sont les plus accrocheuses, les changements politiques pourraient également s’avérer importants. Les nouvelles règles rendraient plus difficile pour les partis de présenter des listes communes lors des élections sans s’unir complètement.

Le Fidesz a dominé la politique hongroise au cours de la dernière décennie, mais l’opposition fragmentée a remporté des succès aux élections municipales – y compris à Budapest – en s’unifiant derrière un seul candidat. Les partis d’opposition avaient annoncé leur intention de présenter des candidats unis contre le Fidesz lors des élections législatives de 2022.

“Viktor Orbán est devenu indigne de sa fonction une fois pour toutes”, ont déclaré six partis d’opposition dans un communiqué publié mercredi, selon Reuters. “Cela ne fait que montrer qu’il ne se sent plus en sécurité, même dans le système électoral qu’il a écrit pour lui-même, ce qui est normal car il va perdre”.