Le Royaume-Uni en proie au désarroi devant l’essor d’Airbnb
Les charmantes petites villes britanniques ont connu une montée en popularité sur Airbnb au point que leurs résidents sont maintenant confrontés à des difficultés pour trouver un logement sur place. Cette tendance a été rapportée par le journal “The Times”.
Du tourisme local au tourisme mondial
Autrefois, les habitants des stations balnéaires du sud de l’Angleterre se plaignaient principalement de la prévalence des résidences secondaires, aujourd’hui, c’est le site de location de courte durée Airbnb qui est au centre des critiques. Dans de nombreuses villes et villages du Devon, une propriété sur six (voire une sur quatre) est désormais répertoriée sur Airbnb.
Selon “The Times”, le pays est passé de 83 000 annonces Airbnb en 2016 à près de 340 000 annonces aujourd’hui, et les répercussions sur les villages, les villes et les habitants qui tentent d’y résider sont qualifiées de dramatiques.
Avantages fiscaux significatifs
Les résidents voisins d’une location Airbnb peuvent trouver cela frustrant, comme l’a souligné le journal qui a interviewé de nombreuses personnes victimes de nuisances sonores et d’autres problèmes. Cependant, le problème dépasse largement les nuisances sonores nocturnes ou les soirées karaoké ; les habitants locaux éprouvent des difficultés à trouver un logement.
Selon Emma Hookway, mère célibataire de trois enfants âgée de 43 ans, qui a récemment dû se reloger et a fondé le groupe North Devon and Torridge Housing Crisis : “Les maisons de vacances étaient précisément cela : des lieux que vous réserviez pour vos vacances, peut-être pour vous offrir un certain standing, peut-être avec une vue sur la mer, peut-être au cœur du village. Mais avec Airbnb, vous trouverez des appartements standards de deux chambres ou des maisons mitoyennes en banlieue résidentielle. Ce sont des logements qui faisaient autrefois partie de l’offre de location à long terme, mais il ne reste plus grand-chose pour ceux d’entre nous qui cherchent simplement un endroit où vivre.”
Graham Bell, un élu local de North Devon, indique que de plus en plus de résidents locaux sont contraints de vivre dans des tentes, des caravanes ou des bateaux. Tim Farron, député de Westmorland and Lonsdale, dans le Cumbria, met l’accent sur les conséquences non seulement personnelles, mais aussi économiques plus larges de cette situation. Selon lui : “La majorité des entreprises dans la région des lacs fonctionnent en deçà de leur capacité car elles manquent de personnel. Cela a également un impact sur les services sociaux, les délais d’intervention des ambulances, et bien plus encore. Les conséquences sont énormes, mais il est difficile de les quantifier.”
Tandis que le Parlement britannique examine actuellement un projet de loi pour réguler Airbnb, certaines autorités locales tentent déjà d’intervenir. À Londres, par exemple, la location d’une propriété sur la plateforme est limitée à quatre-vingt-dix jours par an. Cependant, “The Times” souligne que ce n’est pas uniquement un problème britannique.
Des manifestations contre Airbnb ont eu lieu à Mexico, à Barcelone et dans d’autres destinations touristiques méditerranéennes. En juin, Marseille, qui accueillera les Jeux olympiques l’année prochaine, s’est jointe à une coalition de vingt communautés s’opposant au partenariat des Jeux avec Airbnb, compte tenu des 800 000 offres d’hébergement en France disponibles sur la plateforme. Les tentatives de régulation des locations à court terme à New York ont naturellement débouché sur des poursuites légales. Venise et Florence envisagent également d’imposer des réglementations strictes sur les nouvelles locations. Alors, avant votre prochain séjour loin de chez vous, soyez averti.
